Le silence, outil redoutable
24 juin 2020

Le silence dans les conflits ou la négociation
Le silence est très utile dans toute situation où il y a un enjeu dans la finalité. Dans un conflit par exemple, que ce soit entre collègues ou avec la hiérarchie, si vous vous empressez de rentrer dans la discussion ou dans l’échange de propos, vous montrez à l’autre deux choses. Premièrement, là où vous vous situez, comment vous vivez l’événement. Vous ne lui laissez donc pas le temps de se poser des questions. De s’inquiéter. Où tout simplement d’y réfléchir et de se remettre en question.
Deuxièmement, par votre précipitation à répondre vous montrez votre non tranquillité ou tout du moins que cela vous travaille. Si au cœur de vos mondes affectifs ce ne serait pas risqué, dans votre monde professionnel, avec les enjeux professionnels qui sont souvent centraux, il vaut mieux réfléchir ses réactions et donc son positionnement.
Lorsqu’un conflit éclate, sachez garder votre silence un temps. Entendons-nous bien, garder le silence ne signifie pas rester muet face à une attaque. Garder le silence en revient à s’isoler intérieurement, prendre le temps de la réflexion, et permettre à l’autre soit d’en faire de même soit de s’inquiéter de ce sur quoi vous êtes en train de réfléchir. Il ne doit donc pas accéder à votre ressenti. Ni dans vos expressions, ni dans vos réactions. Apprenez à être, l’espace d’un temps, livre fermé, sans expression et laissez l’autre avec ses actes.
Vous allez donc créer chez lui de la projection. Il va, dans votre silence, voir soit de la colère, du reproche, soit de la tristesse, de la méfiance. Vous allez voir en l’autre ce que lui craint de voir chez vous. Cela vous donnera plusieurs indices : ses failles, son interprétation de la réalité, et comment vous positionner par la suite. Que ce soit avec votre boss ou avec un collègue, le silence s’utilise de la même façon, une protection entre vous et vos émotions, vous et autrui, vous et les réactions trop à chaud.
Dans les négociations, le silence est aussi très utile car comme nous vous l’expliquions plus haut, il vous permettra d’accéder aux failles de celui qui est en face de vous. Nous l’aborderons plus en profondeur dans un prochain article, mais globalement en situation de négociation, le silence va vous permettre de faire douter l’autre. Sur ce qu’il dit, sur ce que vous pensez. Le silence brouille les pistes. Et comme le propre d’une négociation passe par une bonne appréciation de celui qui nous fait face, si vous apprenez à brouiller les pistes vous aurez alors la main sur la situation.
Silence et projection
Je l'ai dit plus haut, le silence pousse l’autre qui nous fait face à la projection. Pourquoi ? Parce que sans les mots, l’autre imagine. Et ce que l’on s’imagine est toujours bien pire que la réalité. Nous avons tous déjà fait l’expérience d’une personne qui garde le silence quand la situation prend une orientation négative, qui coupe la conversation et la sensation qui s’ensuit, de vide, d’incompréhension, et de projection.
Sentiment que l’autre est fâché, vexé, blessé, qu’il nous juge, qu’il nous trouve en dessous de tout, que l’on va être réprimandé s’il s’agit d’une personne en position hiérarchique supérieure. Le silence de l’autre est alors infiltré par l’angoisse et l’imagination. Et souvent par nos propres peurs,
de ce que nous n’aimerions finalement pas voir en l’autre.
Silence et protection
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